HISTOIRES TISSÉES DANS  LA TEXTURE DU TEMPS

du temps réel, du temps restant
du temps d’avant

Mon propos est de l’ordre du commentaire social. Je pose un regard critique sur la condition humaine actuelle, sur sa quête de sens apparente, ses valeurs, ses agissements. J’y vois l’affairisme et le désengagement de ma société contemporaine dont j’examine le déséquilibre et l’aveuglement. Des personnages statiques qui attendent, des déserteurs qui s’enfuient, des êtres affairés, sans substance, des humains qui défilent et d’autres qui sont précipités dans l’apesanteur. Ils sont les témoins anonymes de ce que l’humanité s’inflige. Des paroles qui se perdent… Parfois une menace, un piège, un engrenage, parfois un message, un messager lanceur d’alarme. Et le décompte à travers les strates du temps.

C’est aussi mon questionnement sur la place de l’être humain dans le temps et dans l’espace. C’est ma réflexion sur son identité, son intériorité ; sur le rôle qu’il se donne dans le territoire qu’il occupe ; sur son dialogue, son interaction avec l’énergie universelle ; et finalement, sur sa continuité dans le cosmos, même dans sa rupture avec sa vie, au-delà de cette rupture, dans le tissu de l’univers

L’être humain y est senti non pas comme un sujet mais comme un motif répété, une parcelle dans un concert de variations, d’écritures, d’atmosphères et de sites parfois désertiques. Sans nom, sans identité ou les possédant toutes, il est d’une espèce en péril porteuse de mémoires, de souffrances et d’oublis. Une mémoire ancestrale, une mémoire universelle et collective qui, provenant d’une dimension non visible se matérialise et se déploie dans le tableau pour s’y livrer au regard. Depuis peu, se sont aussi intégrés des petits bustes modelés dans l’argile qui ajoutent une identité aux personnages des tableaux qui en étaient auparavant dépourvus, car sans identité.

Bref, c’est de la figuration narrative. Il s’agit d’une suite de séquences qui se succèdent en un discours continu et dont certaines d’entre elles se juxtaposent et forment ainsi des assemblages verticaux et horizontaux. Chacune des séquences a les mêmes dimensions et la même forme carrée. Ce choix de la persistance du carré est relié à la symbolique de cette forme; le carré étant un symbole cosmique, il est l’emblème du monde et de la nature.

D’un point de vue formel, je fais appel à différents procédés et techniques : peinture, collage, graphisme et matériaux divers. En outre je travaille sur des supports de bois brut dont j’exploite les reliefs et les textures. Au départ, les nervures du bois m’indiquent des tracés, des vecteurs parmi lesquels je fais des choix et que je conserve comme base de ma composition. J’utilise aussi de la colle chaude pour créer d’autres reliefs, des structures, des personnages et des écritures. Des écritures porteuses de mémoire et d’histoire.

le conte ou le décompte
conte environnemental du temps réel
ou décompte du temps restant